mardi 29 juillet 2008

Tu n'existes pas


C'est certainement par la grande porte qu'il l'a fait entrer. Celle-là même qu'il a violemment refermée aussitôt qu'elle eu mis un pied à l'intérieur. Refermé la porte sur elle, la privant du même coup de son pied droit et de sa faculté de marcher. Ensuite il a oublié de s'excuser, pas seulement pour la douleur causée, mais pour ce qu'elle aurait à endurer d'exercices matin et soir pour retrouver l'équilibre. Et c'est précisément de ça dont il est question. De ce balancement vers le vide, cette petite, légère inclinaison quand elle traverse la rue, qui lui donne l'air d'avancer courbée. Elle aurait pu le maudire pour ça, mais tout ce qu'elle a trouvé de moyen pour en finir avec sa peur de tomber, c'est de le résilier. Une par une, elle a méthodiquement effacé toutes les traces de son passage. Sur son téléphone, d'abord, elle a supprimé son nom et ses coordonnées. "Deleaté", lettre après lettre, chiffre après chiffre. Et puis elle l'a mis au ban de sa liste de contacts msn et, pour finir, elle s'est débarrassée de son profil Facebook. Photos, vidéos, commentaires sans importance, balayés d'un seul clic, comme s'il n'avait jamais existé. Et, de fait, il n'existait pas.

jeudi 24 juillet 2008

Du cycle de la vie

Merveille des merveilles, il pleut mais j'en ai rien à battre. J'ai le coeur bien au chaud, je peux même fumer une clope toute seule sur mon balcon en écoutant des vieux tubes de U2 sans déprimer. Ce qui me fait penser que cet état de béatitude va bientôt cesser. C'est pas possible, de se sentir aussi bien quand il fait un temps de merde et qu'on doit faire une entrevue avec un prof de génie chimique pour écrire trois feuillets sur les biocarburants. Si la loi des séries existe bel et bien, cette série là atteint son paroxysme, et la suivante, en toute logique, devrait contenir son lot de catastrophes. Reste à savoir quelle attitude adopter face à la menace d'adversité:
1) Se dire que, finalement, on y peut rien, et que si tout n'est qu'une question de cycle, les bonnes nouvelles devraient succéder aux cataclysmes à venir. Et donc, s'en tenir à l'attitude la plus décontractée possible, respirer, inspirer la fumée.
2) Tenter de contrer l'imparable, en commençant par croire aux miracles. Si si, c'est possible, d'être toujours sur une pente ascendante, il suffit de regarder bien droit devant soi et de continuer de marcher. Mais à la longue, ça épuise, et puis c'est souvent sur les côtés qu'on trouve des choses intéressantes, une petite fleur, un escargot, un homme tout nu dans les broussailles. En fait, la ligne droite, c'est chiant. Tiens, je vais fumer une clope.

mercredi 23 juillet 2008

Loin des yeux, près du coeur

La distance, ça rapproche. Oui, mais alors est-ce que l'intensité du rapprochement varie avec l'importance de la distance ?

vendredi 18 juillet 2008

Maman blues

J'ai perdu mes jambes. Hier, soir. Seule devant la télévision, assise sur mon canapé vert dégueuli je ne me suis pas rendu compte tout de suite que mes pieds n'étaient plus là, pas plus que mes genoux, mes cuisses, et tout ce qui s'en suit. C'est quand j'ai voulu me lever pour aller fouiller dans le frigo que j'ai réalisé l'ampleur du désastre. Là, sous mon nombril, plus rien, le néant,à peine un flottement, la sensation d'un reste. Voilà, c'est maintenant, me suis-je dit. Et puis, "il va falloir ramper ferme." Ranger les jouets épars, faire une machine avec les tee-shirts couverts de sauce tomate, les pantalons remplis de sable et les petites, minuscules chaussettes dépareillées; vérifier, trois fois, que la fenêtre de la chambre est bien fermée pour que la pluie ne vienne pas mouiller le petit lit vide. C'est dingue ce qu'on peut faire, sans ses jambes.

jeudi 17 juillet 2008

Julie Delporte's poetry

Ah mais il y a quand même des gens pour qui Facebook n'est pas un simple déversoir de fonds de poubelle. Celle là, par exemple, aurait bien pu ne pas nous faire profiter de sa vision de l'amour, ce qui aurait été bien dommage:
http://www.stoc.be/acsr/stagearte/deficit_desordre.mp3

lundi 14 juillet 2008

Des idées pour Réjean


Réjean, puisque tu ne manques pas d'ambition, et parce que chacun de tes textes réjouit au plus haut point mon amie Mika, je serais d'avis que tu ne limites pas ton enthousiasme délicat pour la racaille à quelque vague dictateur africain. À venir, donc, dans la section "personnalité de la semaine":
-Un hommage posthume au grand Mohammed Suharto, le "père du développement", dont l'oeuvre fut saluée, ne l'oublions pas, par le FMI, la Banque Mondiale et la CIA.
-Un portrait émouvant de Bachar el-Assad, dont la prestance et la moustache, particulièrement lors des défilés militaires, font l'envie de bien des présidents français.
-Un réquisitoire enflammé en faveur d'Omar el-Béchir, un battant qui a su se jouer du destin en embrassant une carrière militaire prestigieuse, et ce malgré ses origines modestes.
-Une entrevue psycho pop avec Alexandre Lukachenko, dont la résilience force le respect et nous donne, à tous, des raisons d'espérer.

dimanche 13 juillet 2008

Lendemains qui chantent

"En général, demain ça va mieux", me sert Françoise, qui ne se prétend pourtant pas chantre de la pensée positive, au sortir d'une énième conversation destinée à me retaper le moral. Ah mais putain, quel à propos, me dis-je. Et de penser qu'il serait temps de revoir mes maigres ambitions du lendemain, puisqu'il sera, comme elle le dit, certainement mieux. D'autant que je me suis fait dire, et trois fois plutôt qu'une, que mes errements pseudo littéraires et faiblement existentialistes valaient bien une scène. Du coup, à défaut de public, me voilà de nouveau dans l'introspection abusive, avec l'avantage bizarre mais délectable de ne m'adresser à personne, une aubaine quand on est pas porté sur l'autosatisfaction.